Ce que les Européens veulent réellement : cinq mythes déconstruits

Le rapport de l’ECFR, étayé par des sondages pan-européens, déconstruit 5 « mythes » sur les prochaines élections européennes

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Introduction

  • Le rapport de l'ECFR, étayé par des sondages pan-européens, met à bas cinq « mythes » sur les prochaines élections
  • Il constate une volatilité significative de l'électorat européen, plutôt qu'une tendance à la polarisation – jusqu'à 30 % des électeurs n'ayant pas encore décidé de leur vote
  • La « confiance dans le système » est considérée comme l'indicateur clé de la compréhension et de l'engagement de l'électorat. 

Un nouveau rapport intitulé « Ce que les Européens veulent réellement : cinq mythes déconstruits » publié aujourd'hui par l’ECFR révèle qu'il pourrait y avoir jusqu'à 97 millions d'électeurs indécis en jeu pour les prochaines élections européennes des 23-26 mai 2019.

Selon les données recueillies dans 14 Etats membres qui représentent 80 % des sièges du Parlement européen, seuls 43 % des interrogés iront certainement voter et 57 % sont moins susceptibles de se rendre aux urnes. Parmi ceux qui affirment qu'ils iront voter, 70 % sont des électeurs indécis dont le choix ne se porte pas sur un parti en particulier.

Le rapport montre que l'électorat européen est dans un état « instable plutôt que polarisé ». Selon Mark Leonard, directeur et fondateur de l'ECFR, « des pans d'électeurs se déplacent de manière fluide entre les partis de gauche et de droite ».

Selon lui, la meilleure façon pour les partis politiques traditionnels de comprendre, mobiliser et regagner les électeurs est d’étudier leur perception des institutions nationales et européennes, et notamment s'ils estiment que le « système » fonctionne dans leur intérêt. Cette approche divise les électeurs européens en quatre catégories :

  • Les partisans du système (24% de l'électorat), principalement basés en Allemagne, en Autriche, en République tchèque, au Danemark et en Suède, qui estiment que les systèmes européens et nationaux « fonctionnent ». Ces électeurs ont tendance à être en sécurité financièrement et à avoir fait des études de niveau secondaire ou plus.
  • Les laissés-pour-compte pro-européens (24% de l'électorat), fortement représentés en Hongrie, en Pologne, en Roumanie, en Slovaquie et en Espagne, qui sont sceptiques quant à leur système politique national mais qui soutiennent les valeurs européennes. Le revenu moyen de ces électeurs est le plus bas des quatre catégories, et ce groupe est en grande partie composé de personnes issues de la génération milléniale et de la génération X.
  • Les « Gilets Jaunes », qui ne croient plus au système (38% de l'électorat). Particulièrement représentés en France, en Grèce et en Italie, ils n'ont pas confiance dans les responsables politiques, ni même dans les systèmes politiques au niveau national comme européen. Ces électeurs sont généralement aisés, ont au moins un niveau d'éducation de niveau secondaire et ont une forte représentation féminine en France et en Italie.
  • Les eurosceptiques nationalistes (14% de l'électorat), concentrés principalement en Autriche et en Italie, qui estiment que le système politique de leur pays fonctionne et qui voudraient voir un retour du pouvoir de Bruxelles vers le niveau national. Ce groupe a tendance à inclure les baby-boomers et les électeurs plutôt à droite sur le plan idéologique.

Ce rapport, rédigé par Ivan Krastev, Mark Leonard et Susi Dennison, déconstruit également cinq « mythes » sur les prochaines élections :

  • Mythe n°1 : La politique européenne, comme aux États-Unis et au Royaume-Uni, est passée, au cours des quatre dernières années, des partis aux tribus.

    Vérité n°1 : Le sondage pan-européen commandité par l'ECFR révèle que, contrairement à la croyance répandue, l'électorat européen, à l’aube des élections européennes de mai, est fluide, avec pas moins de 97 millions d'électeurs indécis encore en jeu.
     

  • Mythe n°2 : Les élections européennes seront le théâtre d’un affrontement entre ceux qui croient en l'Europe (ouverte) et ceux qui croient en l'État-nation (fermé).

    Vérité n°2 : Les recherches et les données des sondages de l'ECFR permettent d'identifier quatre groupes clés d'électeurs et de constater qu’ils répondront à ceux qu'ils jugent être des acteurs crédibles du changement sur les sujets qui les préoccupent. 
     

  • Mythe n°3 : Le thème central autour duquel les prochaines élections européennes se dérouleront sera l'immigration.

    Vérité n°3 : Les recherches de l'ECFR montrent que les questions nationales, telles que le niveau de vie, l'économie, la corruption, la santé ou le radicalisme islamique seront également d’importants champs de bataille possibles pour l’obtention des votes.
     

  • Mythe n°4 : L’Europe est divisée par un conflit d’opinions entre l'Est et l'Ouest. 

    Vérité n°4 : Les sondages de YouGov dans 14 États membres de l'Union Européenne (UE) révèlent qu'il existe une mosaïque régionale de préoccupations et d'intérêts, plutôt qu'un clivage marqué entre les intérêts de l'Ouest et ceux de l'Est. Il existe également d'importantes différences entre et au sein du Nord et du Sud. Cette enquête n'a trouvé aucune distinction régionale claire concernant les opinions sur les questions relatives aux valeurs européennes.
     

  • Mythe n°5 : Les élections européennes sont avant tout nationales

    Vérité n°5 : Ces élections du Parlement européen pourraient être les premières véritablement transnationales. Des données de sondage, recueillies dans toute l'Europe, révèlent que, s’il existe une dynamique nationale inévitable, des enjeux paneuropéens clés, tels que le changement climatique, la menace du nationalisme pour l'UE ou la capacité de l'Europe à répondre aux États-Unis ou à la Chine sont de plus en plus présents dans la conscience publique.

Le rapport conclut donc que l’affrontement électoral de 2019 concernera plusieurs groupes d’électeurs et différents. Cela dissipe l’idée défendue par des personnalités telles que Steve Bannon, selon lequel les élections européennes de mai sont un référendum sur l’immigration, dont le résultat est acquis d'avance et qui marquera l’acte III dans la pièce ouverte par l’élection de Trump et le Brexit, de manière à sonner le glas pour l'UE.

Le rapport soutient que, plutôt que d'être entraînés dans un affrontement sur une seule question avec les forces anti-européennes, les partis traditionnels devraient mener six campagnes différentes sur : la migration (pour s'adresser à la fois à ceux qui s'inquiètent de l'immigration, de l’intégration et de l'émigration), la défense et la sécurité, le changement climatique, l'économie, le radicalisme islamique et le nationalisme. 

Il conclut enfin que la majorité des électeurs européens souhaitent un changement – mais qu’ils ne le voient pas venir de l'extrême-gauche ou de l'extrême-droite – et que les partis traditionnels doivent s'adapter à l'évolution du paysage politique et définir des plans audacieux et tournés vers l'avenir, qui feront écho à ces voix et leur donneront espoir.

La publication de ce rapport et des résultats des sondages qui l'accompagnent s'inscrivent dans le cadre d'une initiative paneuropéenne majeure menée par l'ECFR pour comprendre les attentes des électeurs en vue des élections européennes de cette année.

L'objectif principal de ce projet, intitulé « Débloquer la majorité européenne« , est d’analyser comment différents partis et mouvements peuvent donner une nouvelle voix à l'électorat pro-européen et internationalement engagé de l'Union européenne. L'ECFR s’appuie sur les données des sondages de YouGov et d'autres recherches pour engager le dialogue avec les partis politiques, les alliés de la société civile et les médias, afin de les aider à formuler des questions pertinentes au niveau national, qui permettront d’atteindre toutes les circonscriptions électorales et de capter l'attention des électeurs. Il comprend deux séries de sondages paneuropéens et la publication de trois grands rapports de recherche, dont celui-ci est le deuxième.

Le premier rapport, intitulé « Les élections européennes de 2019 : comment les anti-européens envisagent de saboter l'Europe et comment les contrecarrer », est sorti le 11 février 2019. Il est toujours disponible en ligne ici.

Les résultats de la première vague de sondages de l'ECFR, portant sur des questions telles que la migration, le changement climatique, l'économie et le niveau de vie, ont également été publiés en ligne ici.

FIN

1) Les auteurs du rapport, Ivan Krastev, Mark Leonard et Susi Dennison, sont disponibles pour des entretiens avec les journalistes intéressés.

2) Le projet de l’ECFR « Débloquer la majorité européenne »analyse comment repousser la montée de l'euroscepticisme et à montrer comment les partis internationalistes et visionnaires peuvent efficacement rallier à leur cause et faire entendre les voix modérées à travers l'Europe. Le projet est représenté dans cinq États membres et travaille également dans neuf autres pays de l'UE qui seront les plus décisifs en termes de nombre de sièges parlementaires. Pour plus d'informations sur ce projet et sur ses résultats à ce jour, veuillez consulter le site : https://ecfr.eu/europeanpower/unlock.

3) Les pays sondés par YouGov pour ce projet sont les suivants : Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovaquie, Suède. Les enquêtes ont été conduites entre le 23 et le 25 février 2019.

4) Les experts/chercheurs de l'ECFR qui travaillent sur le projet « Débloquer la majorité européenne » sont Mark Leonard, Susi Dennison, Vessela Tcherneva, Jose Ignacio Torreblanca, Almut Möller, Josef Janning, Piotr Buras, Manuel Lafont Rapnouil, Susanne Baumann et Pawel Zerka. L'ECFR travaille également avec le président de Liberal Strategies, Ivan Krastev, et le professeur Simon Hix de la London School of Economics.

5) Pour toute demande de diffusion liée au rapport ou au sondage, veuillez contacter Ana Ramic, responsable de la communication, E : [email protected] / T : +49 (0) 30325051027.

6) Pour toute autre demande de renseignements concernant les médias, veuillez contacter David Yorath, d’Apollo Communications, E : [email protected] / T : +44 (0) 7511467771

A propos de l'ECFR :

L’ECFR est le premier centre de recherche et d’influence (think-tank) paneuropéen. Créé en octobre 2007, il compte parmi ses objectifs de promouvoir à travers l’Europe le développement d’une politique étrangère européenne intégrée, cohérente et efficace. L’ECFR est une fondation indépendante financée par des contributions provenant de sources variées. Pour davantage d’informations veuillez cliquer sur le lien suivant : www.ecfr.eu/about/donors.

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.