Le problème britannique et ce qu’il signifie pour l’Europe

Avec la perspective d’un référendum avant 2017, la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE est une éventualité qui devient de plus en plus réelle

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LES ETATS MEMBRES DE L'UE PEUVENT ENCORE AGIR POUR EMPECHER UN « BREXIT »

Avec la perspective d'un référendum avant 2017, la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne (UE) est une éventualité qui devient de plus en plus réelle. Aujourd'hui, le Conseil européen des relations internationales (ECFR) publie «Comment l'Europe peut arrêter le Brexit ».

Dans cette note, le directeur et co-fondateur de l’ECFR Mark Leonard affirme que:

•        Le risque d’un Brexit n’est pas provoqué par un public eurosceptique, mais par une élite europhobe qui a confondu immigration et Europe. Les europhobes britanniques disposent d'un puissant cadre intellectuel, de riches bailleurs de fonds, de défenseurs dans les médias, à la Chambre des communes, et même au Cabinet du Premier ministre. Mais la montée de l'UKIP (parti eurosceptique britannique) semble effrayer un grand nombre de personnes: le soutien à l’appartenance à l’UE est au plus haut depuis cinq ans.

•        Une UE sans la Grande-Bretagne serait plus petite, plus pauvre et aurait moins d'influence sur la scène internationale. Le Royaume-Uni représente environ 12,5% de la population de l'UE, 14,8% de son économie, et 19,4% de ses exportations (hors commerce intra-UE).

•        Les autres pays de l'UE doivent se mobiliser pour empêcher le Brexit d’avoir lieu en persuadant le gouvernement britannique de soutenir les réformes générales plutôt qu’un plaidoyer spécial.

Mark Leonard indique qu’ « un BREXIT pourrait être encore plus dommageable pour l'UE qu’un Grexit. Il pourrait déclencher un cycle de désintégration et d'accélérer le déclin de l'Europe sur la scène mondiale ».

« Il se dit que la Grande-Bretagne se dirige hors de l'Europe malgré elle, tel un somnambule. Mais la réalité est bien différente: une petite élite europhobe cours vers la sortie. A l’instar des néo-conservateurs aux États-Unis qui ont plaidé pour l’invasion de l'Irak, les europhobes britanniques disposent d'un puissant cadre intellectuelle, de riches bailleurs de fonds, de défenseurs dans les médias, à la Chambre des communes, et au Cabinet du Premier ministre.

C’est aux citoyens britanniques de décider s‘ils veulent rester, mais le reste de l'UE peut aider à créer une vraie divergence entre les europhobes et le public en réformant l'UE afin qu’elle puisse faire face aux défis migratoires – et accroître la participation des élites britanniques à un débat sur la réforme de l’Europe. »

Il fait valoir que la réforme européenne peut contribuer à découpler les débats sur l’Europe et sur les migrations et appuyer la dissension entre le public agnostique du Royaume-Uni et son élite europhobe.

En particulier, il suggère que:

•        Les gouvernements de l'UE devraient persuader les grandes entreprises qui profitent de la présence de la Grande-Bretagne dans le marché unique – d'Ikea ​​et Findus à BMW et Deutsche Bank – de s’exprimer sur les risques économiques d’une sortie de l’UE. Le public est davantage susceptible de tenir compte des avertissements d’employeurs que des déclarations politiciennes sur l'Europe.

•        Les dirigeants de l'UE devraient travailler à rompre le lien de causalité entre migration et euroscepticisme. Aux côtés de la modification des règles sur les avantages sociaux, ils devraient mettre en place un «Fonds européen d'ajustement migratoire» au sein du budget de l'UE auquel les autorités locales pourront demander un soutien pour augmenter la capacité des écoles, des hôpitaux et d'autres services publics dans les zones avec d’importants niveaux de migration intra-UE.

•        Les institutions de l'UE se doivent de montrer comment la Grande-Bretagne pourrait bénéficier des réformes de l'agenda démocratique et d'investissement qui sont déjà prévues. Une idée consisterait à relier le plan d'investissement de Jean-Claude Juncker de 315 milliards de dollars avec les plans ambitieux du gouvernement britannique pour les investissements d'infrastructure.

•        Les États membres de l'UE devraient déconstruire l'image du Royaume-Uni comme un pays isolé en l'engageant dans des discussions dont il est actuellement exclu. Ces Etats membres devraient également lancer un débat plus large sur la géométrie variable qui pourrait explorer la façon dont les institutions de l'UE peuvent soutenir la zone euro tout en rassurant les Etats non membres de l’euro zone.

Carl Bildt, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Suède, a déclaré: « Il y a une certaine complaisance dans les cercles bruxellois sur les risques et conséquences d'un Brexit. Ceux-ci seraient assez catastrophiques.

Une Europe fragmentée sera une Europe plus faible et plus dangereuse. »

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.