L’attitude des Européens face à la dissuasion nucléaire

« L'Europe n'a pas seulement externalisé sa sécurité, mais elle a aussi externalisé sa réflexion en matière de sécurité ».

Malgré une instabilité croissante, les Européens restent réticents à renouveler leur réflexion sur le nucléaire militaire. C’est ce que montrent les résultats et l’analyse d’un nouveau rapport de l’ECFR fondé sur une enquête sur les perceptions européennes de la dissuasion nucléaire.

Le message principal du rapport est le suivant : « l’autonomie stratégique » restera un slogan creux si les Européens ne s'engagent pas sérieusement sur la dimension nucléaire. L'Europe peut avancer de nombreuses façons vers la réalisation de cet objectif. Néanmoins, tant que les Européens continueront d’omettre la dimension nucléaire de leur autonomie, la Russie aura toujours l’avantage dans une confrontation militaire avec une Europe qui ne bénéficierait pas d’une garantie nucléaire américaine crédible. L'absence d'une capacité européenne de dissuasion pourrait s'avérer être fatale.

Le rapport de Manuel Lafont Rapnouil, Tara Varma et Nick Witney conclut qu'aucune initiative européenne immédiate visant à déclarer l'autonomie nucléaire stratégique n'est réalisable, souhaitable ou même concevable. Mais une stratégie pour se prémunir davantage contre les incertitudes de l’avenir existe assurément. Le Royaume-Uni et la France pourraient transformer l'idée d'une dissuasion européenne d'un simple concept en une offre crédible, en renforçant leur coopération nucléaire bilatérale et en déclarant toujours plus clairement leur volonté de protéger les autres.

Note aux rédactions :

La publication est disponible en ligne et téléchargeable au format PDF ici. 

A propos des auteurs :

Manuel Lafont Rapnouil est le directeur du bureau de Paris de l’ECFR. Il a été sous-directeur des affaires politiques au sein de la Direction des Nations Unies du Ministère des Affaires étrangères. Il a également travaillé comme rapporteur en 2008 pour les Livres Blancs sur la défense et la sécurité nationale et sur la politique étrangère et européenne de la France, ainsi que chercheur associé au programme Europe du Center for Strategic and International Studies.

Tara Varma est la directrice adjointe du bureau de Paris de l’ECFR. Elle a rejoint l’ECFR en janvier 2015. Elle a notamment travaillé à Shanghai ainsi qu’à CEIS, une société de conseil en stratégie et management des risques. Elle est diplômée en relations internationales de Sciences Po Lille et SOAS à Londres, avec une spécialité en politique asiatique et politique étrangère de l’Inde et de la Chine.

Nick Witney est chercheur senior à l’ECFR. Il a été le premier directeur exécutif de l’Agence européenne de défense (AED) à Bruxelles. Il a travaillé pour le ministère des Affaires étrangères ainsi que pour le ministère de la Défense britanniques. Comme diplomate, il a appris l’arabe au Liban et en Jordanie, a aussi servi à Bagdad, et a été en poste quatre ans comme « private secretary » pour l’ambassadeur britannique à Washington D.C.

Presse :

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