Résultats des élections européennes : L’Espagne

A la suite des élections européennes, l'ECFR publie une analyse des résultats dans différents pays. 

Le système bipartisan de l’Espagne reçoit un avertissement et les populistes entrent en lice.

Participation

La participation a été supérieure d’un pourcent par rapport à 2009, mais cela est dû à une augmentation spectaculaire en Catalogne (9 points) où la population est fortement mobilisée sur l’idée de sécession. Dans le reste du pays, le taux de participation a été inférieur à 2009.

 

La campagne

La campagne s’est concentrée sur l’austérité et la croissance ainsi que sur les thèmes traditionnels de la gauche et de la droite, laissant de côté le débat sur « plus » ou « moins » d’Europe.

 

Vainqueurs, perdants et eurosceptiques

Le fait majeur à retenir en Espagne est la victoire du parti au pouvoir (PP). Après trois ans d’austérité, de scandales de corruption, et de chômage massif, ils ont perdu beaucoup de soutiens mais ont survécu en rassemblant 26% des votes.

Le drame concerne le parti Socialiste qui a échoué à tirer profit du mécontentement dû à l’austérité et généré une hémorragie des votes vers la gauche. Avec seulement 23% des votes, les socialistes font face à une crise interne qui rend difficile toute possibilité de victoire à une élection générale l’an prochain.

Tandis que les citoyens tendent généralement à utiliser les élections européennes pour pénaliser les gouvernements, ici ils s’en sont servis afin de faire savoir à l’opposition qu’ils ne l’ont pas oubliée pour ses années au gouvernement et son échec à renouveler son leadership.

La grande nouveauté en termes de partis politiques concerne PODEMOS, un parti qui est né d’une fraction nommée la « gauche anticapitaliste » et comptant sur l’influence majeure de la gauche latino-américaine. Fort de leurs 5 sièges,  ils affichent la volonté de « mettre un terme à la vassalisation de l’Espagne vis-à-vis de l’Allemagne et de la Troïka ».  Ce fut un choc pour le système puisque les gens s’attendaient à ce que la Gauche Unie (qui fait partie du parti de la Gauche unitaire européenne d’Alexis Tsipras) obtienne de bons résultats.

 

Résultat

Traditionnellement, l’Espagne est caractérisée par un système bipartisan fort, dans lequel les deux principaux partis jouissent de plus de 70% des voix. Lors de cette élection, ils n’ont rassemblé que 49% des votes. Les citoyens ont ainsi envoyé un message fort : ils en ont assez du système bipartisan. Les conservateurs avaient obtenu 24 sièges en 2009, et ils sont désormais 16. Les socialistes pour leur part étaient 23 et sont aujourd’hui 14 à siéger au Parlement européen. Est-ce un avertissement pour les deux principaux partis qui ont gouverné l’Espagne depuis 1982 afin qu’ils se réforment, ou est-ce la signature de leurs arrêts de mort ? Histoire à suivre l’année prochaine. 

 

Ce texte est disponible dans sa version originale en anglais ici.  

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.