[Conférence] Les conséquences du pari de M. Poutine

Le 18 juin 2014, l'ECFR a organisé un événement afin de discuter des transformations de la puissance russe et de la politique européenne vis-à-vis de la crise urkainienne et de la Russie. 

Mercredi 18 juin 2014, l’ECFR a organisé conjointement avec l’ambassade du Danemark, et sous le patronage de Mme l’ambassadrice XXXXX, un petit-déjeuner débat sur le thème des « Conséquences du pari de M. Poutine ». Trois mois après l’annexion de la Crimée, et au lendemain de l’investiture du nouveau président ukrainien Petro Porochenko le 7 juin dernier, cette réunion fut l’occasion de dresser un portrait de la puissance et des intentions russes, mais aussi de la politique européenne vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine.

Vessela Tcherneva, directrice des programmes à l’ECFR, et Eric Fournier, directeur de l’Europe continentale au ministère des Affaires étrangères, ont présenté leurs observations avant un débat plus général.

Celui-ci a dégagé les points suivants : partant des forts taux de popularité actuels de Vladimir Poutine, qui ont atteint un niveau historique notamment auprès des 18-25 ans, il est nécessaire pour les Occidentaux de repenser leur approche de la Russie. Alors qu’elle se trouverait à un « pivot révolutionnaire » de son histoire, la Russie cherche à réaffirmer ses valeurs en les opposant aux valeurs occidentales. Cette différenciation passe aussi par une volonté de parvenir à une autosuffisance économique afin de prouver aux Occidentaux que la Russie peut survivre sans eux. Dans cette optique, il faut souligner l’inefficacité des sanctions économiques mises en place et dénoncé une « passivité prévisible » de la part des Européens qui sont dans l’incapacité de définir des lignes rouges communes face à la Russie.

La crise avec la Russie doit être replacée dans un contexte plus global. Les Occidentaux sont parfois amenés à fermer les yeux sur des violations des droits de l’Homme à travers le monde. Une politique étrangère « morale » est en général un échec, sauf si cette moralité fait partie des intérêts bien compris, et il faut donc souhaiter une politique européenne pragmatique.

Il reste très difficile de réellement savoir ce qui se passe en Russie et par conséquent la popularité de M. Poutine, en particulier hors des villes est à relativiser. D’autre part l’ingérence armée de la Russie en Ukraine n’est pas réellement finie, et pose un dilemme de sécurité certain, notamment pour les pays limitrophes de la Russie.

Un dilemme est posé à l’Union européenne : veut-on stabiliser l’Ukraine ou l’européaniser ? Le regain de tension avec la Russie a aussi amené sur le devant de la scène la faiblesse de la politique commune de défense, malgré des progrès de coordination accomplis en la matière.

Et deux points de vue se sont fait jour : celui  qui voit en Russie (tournant césariste et militariste)  l’origine de la crise actuelle, et celui qui considère que les dérives ukrainiennes (gaz, corruption) sont le point de départ principal des événements actuels.

L’ambassadeur du Danemark, Mme Anne Dorte Riggelsen a conclu la discussion en rappelant que l’OstPolitik de Willy Brandt qui a mené à l’élargissement européen sur le long terme est composée d’une succession de mesures hasardeuses et pragmatiques. Par conséquent, la politique étrangère européenne doit être considérée avec clémence. 

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