Le retour de Poutine : Pourquoi l’Europe devrait se préparer à une Russie affaiblie

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Le dimanche 4 mars 2012, les Russes ont choisi leur nouveau président. Le résultat de cette élection était largement prévisible : Vladimir Poutine était en effet certain de l'emporter. Cependant, nos experts avaient analysé cette victoire comme trompe l'oeil et ont développé les prospectives d'une présidence affaiblie à la veille des résultats. 

L’ECFR publie une nouvelle enquête ‘The end of the Putin consensus’ coécrit par Ben Judah et Andrew Wilson. Ils éclairent les élections et les nouveaux défis auxquels sera confronté Poutine dans un Russie en pleine mutation.

Les experts de l’ECFR sont disponibles pour commenter et analyser les élections :

Nicu Popescu:      +44 (0) 787 645 2877     [email protected]
Jana Kobzova:     +44 (0) 778 600 8683     [email protected]
Ben Judah:           +44 (0) 797 935 0579     [email protected]
Andrew Wilson:   +44 (0) 792 042 1066     [email protected]

Cliquer ici pour télécharger “ The end of the Putin consensus

Cliquer ici pour une interview en podcast avec le co-auteur de l’enquete Ben Judah.

Après le simulacre de la présidence Medvedev, Poutine va être confronté à une nouvelle Russie. L’autorité du Kremlin est affaiblie, l’économie est confrontée à des problèmes structurels et la classe moyenne, éprouvée, a désormais moins peur de manifester contre le gouvernement.

  • La crise financière a révélé les problèmes de gouvernance chronique de la Russie.Elle a aussi douché l’espoir que la Russie devienne un jour une véritable puissance émergente. La Russie a souffert d’une récession exceptionnelle du G20 en 2009. Voir à ce sujet le rapport de l’ECFR « Dealing with a post-Bric Russia ».
  • Les récentes manifestations montrent le visage d’une Russie « échauffée » mais pas encore révolutionnaire. Les manifestations ne concernent qu’une minorité, mais cette minorité se retrouve dans les groupes démographiques les plus dynamiques – les Moscovites, la classe moyenne, l’élite jeune et cultivée.
  • Les techniques de fraude électorale sont souvent primaires, et les cas de fraude faciles a faire connaitre au grand public via la vibrante blogosphère. Aux dernières élections parlementaires, le résultat des sondages à la sortie des urnes créditait « Russie unie » de 32% d’intention de votes, mais le décompte finale l’a finalement crédité de 46,5% des voix.
  • En dépit de ses promesses de réforme, Poutine sera plus dépendant de ses alliés oligarques et plus enclin au populisme économique.

Avec un Poutine réélu plus acculé sur la scène nationale, l'Union européenne doit s'attendre à une Russie plus en retrait et moins coopérative en matière de politique étrangèredans des régions telles que le Moyen-Orient ou dans des zones de conflits gelés.  L’obstruction russe sur le dossier syrien a été présentée comme un pied de nez à l’ouest. L'UE devrait:

 

  • Défendre sans concession les droits de l’Homme, mais s'abstenir d’un soutien trop marqué au mouvement d'opposition (contrairement à certains Américains qui ont pris fait et cause pour le mouvement), pour éviter que les manifestants soient considérés comme des « suppôts » de l’ « occident ».
  • Passer une 'Liste Magnitski » pan-européenne : une liste noire qui impose des interdictions de visas et un gel des avoirs pour les personnes  liées à la mort de l'avocat Sergueï Magnitski. Et ainsi poser les lignes rouges de l'UE en matière de violations flagrantes des droits de l'Homme. 
  • Lancer un nouveau dialogue anti-corruption avec la Russie avec des figures de l'opposition et des représentants du gouvernement. L'élite russe utilise actuellement l'UE comme un refuge sûr pour son argent, et l'opposition appelle l'UE à changer ses lois pour éviter d’être une « blanchisseuse » d’argent sale russe :

Faits et chiffres clefs :

1. L 'érosion de l’autorité centrale au cours de la présidence fantôme de Medvedev en 2011 : Poutine a admis que 80% des ordres du Kremlin aux régions ont été ignorés ou n’ont pas été mis en œuvre.
2. « Le Centre for Strategic Research »estime que la classe moyenne représente 25% de la population (33% de la population adulte et près de 50% des travailleurs résidant dans les grandes villes).
3. Les flux migratoires vers la Russie, qui représentent plus de 13,8 millions de dollars en 2011, sont un enjeu majeur pour les moins fortunés de la classe moyenne. La plupart des immigrants sont originaires du Caucase du Sud et d’Asie centrale.

 

L'ECFR ne prend pas de position collective. Les publications de l'ECFR ne représentent que les opinions de leurs auteurs.