L’Allemagne vote : les dilemmes européens dans l’élection fédérale

En cette année d’élection fédérale, les Allemands sont prêts à donner un coup de fouet à de nouvelles solutions européennes et à prendre plus de risques

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En cette année d’élection fédérale, les Allemands sont prêts à donner un coup de fouet à de nouvelles solutions européennes et à prendre plus de risques.

L’appel d’Angela Merkel pour que l’Europe « prenne son destin en main » lors d’un événement de la campagne électorale en Bavière dimanche dernier a fait sensation. Mais ce sentiment n’est pas nouveau. Cela reflète un tournant politique en cours en Allemagne depuis le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni en juin 2016 et qui s’est accéléré après l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Ces attitudes changeantes en Allemagne sont décrites dans une nouvelle étude du Conseil Européen pour les Relations Internationales (ECFR), « L’Allemagne vote : les dilemmes européens dans l’élection fédérale ». Le rapport conclut que, malgré les nombreuses menaces internes et externes qui pèsent sur l’Union européenne (UE), les Allemands revoient leurs ambitions à la hausse pour l’Union.

Les Allemands se rendront aux urnes le 24 septembre prochain pour l’élection fédérale. La prospérité économique, la sécurité et les migrations domineront la campagne électorale. L’actuel gouvernement allemand, ainsi que celui qui lui succèdera, feront face à un défi à trois facettes : sera-t-il possible de s’assurer que l’opinion allemande est satisfaite, de renforcer l’Union européenne et de maintenir un environnement international favorable – et de réaliser tous ces objectifs simultanément ? Ce nouveau rapport met en lumière un tournant vers une Allemagne plus encline à la prise de risque et en faveur de solutions européennes flexibles.

Dans le policy brief « L’Allemagne vote : les dilemmes européens dans l’élection fédérale », Almut Möller, directrice du bureau de Berlin de l’ECFR, démontre le changement de ton subtil au sein de la classe politique dirigeante, depuis le contrôle et la gestion des frontières extérieures jusqu’à un changement des traités européens, en passant par la gouvernance de la zone euro.

L’Union Chrétienne-Démocrate d’Allemagne (CDU) allemande, dirigée par Angela Merkel, et le Parti Social-Démocrate d’Allemagne (SPD), conduit par l’ancien président du Parlement européen Martin Schulz, ainsi que la plupart des autres partis du spectre politique, sont en faveur du maintien d’une Allemagne engagée dans l’UE, en particulier afin d’utiliser l’Union comme levier de la puissance allemande. Les sentiments eurosceptiques présents dans l’opinion publique allemande et sur lesquels le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) essaye de capitaliser ne mettent pas en péril cet engagement.

Malgré une certaine insatisfaction dans le public allemand concernant l’état actuel de l’UE, différents sondages présentés dans le rapport montrent l’existence d’un réservoir caché de soutiens au sein de l’opinion publique allemande en faveur d’une coopération et d’une intégration européenne plus étroites dont les candidats peuvent tirer profit. Mais certains défis politiques concrets sont encore à l’origine de tensions internes.

Trois cas d’étude retracent les questions de politique étrangère les plus épineuses actuellement débattues dans le pays : l’excédent commercial allemand et le défi que représente le président américain Donald Trump pour le commerce international, la relation amour-haine avec la Turquie et les relations incertaines avec la Russie. Sur toutes ces questions, les décideurs politiques allemands devront trouver un juste milieu entre la défense des intérêts allemands et européens et le dialogue.

« Confrontés au Brexit et à Donald Trump, les décideurs politiques allemands font preuve d’une attitude confiante sans précédent en « prenant le taureau par les cornes » et poussent pour de nouvelles coalitions au sein de l’UE », affirme Almut Möller. « Mais l’Allemagne doit être ouverte au compromis sur les politiques centrales, par exemple sur les projets d’Emmanuel Macron pour réformer la zone euro, et elle a besoin que l’opinion allemande s’y engage elle aussi ».

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