La gestion des crises et des conflits par l’UE : les écueils d’une Europe distraite

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Syrie, Libye, Mali, Somalie, Soudan, Yémen – de nouveaux types de guerres civiles et de crises humanitaires éclatent dans le voisinage sud de l’Europe. Alors que l’UE concentre toute son attention à la crise de l’euro, ces crises menacent les intérêts européens. La montée de l’islamisme en Somalie et au Mali, ainsi que la situation de guerre civile en Syrie, constituent ainsi un terreau fertile pour de futures attaques terroristes.

Contraints par des mesures d’austérité et usés par leurs précédentes interventions, les gouvernements européens dépendent de plus en plus des Nations Unies et d’autres organisations régionales, telles que l’Union Africaine ou la Ligue Arabe, pour gérer ces crises périphériques. Même si l’Union européenne s’est dotée ces dernières années de ses propres structures de gestion des crises, elle pourrait dorénavant trouver plus rentable et politiquement plus avantageux de déléguer la réponse à ces nouvelles menaces à d’autres acteurs.  

Dans un nouveau rapport de l’ECFR, Richard Gowan considère que le renforcement du réseau de partenariats entre l’UE et les Nations Unies ainsi que d’autres organisations régionales est essentiel pour assurer la sécurité européenne. L’auteur propose également des mesures concrètes pour améliorer l’efficacité de l’Union dans la gestion des crises civiles et militaires.

  • Flexibilité:l’UE devrait rendre ses missions de gestion des crises plus souples et mieux les intégrer aux efforts d’autres organisations en tenant compte des ressources des organismes non-gouvernementaux. Il est important de lier la nécessaire recherche d’un consensus politique à une approche plus pratique (par le biais d’expérimentations successives) et d’adapter les actions en fonction des réussites ou des échecs constatés sur le terrain.
  • Accroître la capacité d’agir de nos partenaires: les responsables européens devraient examiner la possibilité d’effectuer des investissements stratégiques en partageant leurs expériences et les leçons tirées de la gestion des crises avec de nouveaux acteurs. L’UE peut proposer à ses partenaires (par exemple la Ligue Arabe) des programmes de formation et fournir les  équipements nécessaires à la réussite de leurs missions.
  • Le Service Européen d’Action Extérieure : la consolidation du SEAE – et particulièrement de ses délégations dans les régions de conflits – ouvre la possibilité de renforcer les partenariats de l’UE avec d’autres organisations.
  • Efficacité:l’UE possède une importante expertise en matière de gestion des crises qu’elle peut mettre à disposition d’autres organisations traitant des mêmes enjeux. Mais la complexité des institutions et des pratiques  européennes a souvent représenté un frein aux échanges entre l’UE et ses partenaires extérieurs. La rationalisation des processus intérieurs et la meilleure coopération au sein des institutions européennes elles-mêmes sont donc essentiels afin de surmonter ces obstacles et de développer des partenariats plus efficaces avec des collaborateurs extérieurs.  

 

« Avec les ressources limitées dont elle dispose, l’UE doit faire tout son possible pour gérer les crises dès qu’elles apparaissent et ce, par tous les mécanismes mis à sa disposition. Dans la gestion des crises – comme dans de nombreux autres domaines politiques – l’UE a besoin de tous les amitiés qu’elle peut nouer ». – Richard Gowan

 

Contacts:

Richard Gowan: [email protected], Mobile: +1 917 975 6629, Twitter : @RichardGowan1

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Eléments clés:

  • La Politique Européenne de Sécurité et Défense (PESD) a été lancée en 1999.
  • L’UE a déployé un nombre de missions militaires et civiles relativement petites à la suite d’opérations de plus large envergure menées par d’autres organisations.
  • Plus de deux tiers des opérations de la PSDC ont été déployées aux côtés d’une mission des Nations Unies, de l’OTAN ou dans le cadre d’une opération de maintien de la paix autorisée et soutenue par une organisation régionale.
  • La Commission Européenne et les Etats membres de l’Union comptent parmi les principaux contributeurs aux programmes humanitaires des Nations Unies, du Comité International de la Croix Rouge et des ONG.

 

 

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